22/07/02 - Journée de manifestation NoBorder à Strasbourg : solidarité avec les réfugiés et s
30.Nov.99 -
Au troisième jour du camp international de lutte contre les frontières et le contrôle social, "NoBorder", se tenant à Strasbourg, une large manifestation de solidarité avec les sans-papiers et réfugiés a eu lieu. Voici un compte-rendu des événements.
Aux environs de 10h30, plus d'un millier de personnes a quitté le campement, situé parc du Rhin, pour se diriger en cortège vers la cour européenne des droits de l'homme, objectif affiché de la manifestation.
Un point non négligeable est celui de la présence de sans-papiers dans la manifestation, ayant fait le choix de venir au NoBorder de Strasbourg, malgré les risques évidents -notamment pour ceux venant d'Allemagne- liés à ce type de déplacement. Un bloc très remarqué de samba déguisé a rythmé la manifestation, qui fut l'occasion de nombreux slogans repris en coeur, et affichait divers messages par ses banderoles, parmi lesquels : "pour la libre circulation de toutes personnes", "détruire la forteresse europe", "la restriction de la liberté de circulation est une persécution raciste", "l'europe déporte les roms ; contre les discriminations, solidarité", "nous n'avons besoin d'aucun contrôle migratoire, résistance permanente", "pas de residenzpflicht ni en allemagne ni ailleurs" ("residenzpflicht" signifie assignation à résidence, et correspond à une pratique instaurée en Allemagne pour empêcher les personnes issues de l'immigration illégale de se déplacer), entre autres expressions du refus du patriarcat, du capitalisme, de la guerre et de la domination.
Le cortège a été suivi sur toute une partie de son parcours par la caravane du publiX theatre de Vienne, qui anime depuis le début du camp diverses activités publiques au coeur de Strasbourg, place de la gare, où sont déployées diverses structures multimédia (espace d'accès à internet, projections vidéo, réalisation de programmes de radio diffusés sur Internet, etc.) et espaces de détente et de découverte (lectures, boissons fraiches, etc.), accompagnés d'interventions théâtrales sur les thèmes du camp. Leur site : http://zone.noborder.org
A 12h, la manifestation est arrivée devant la cour européenne des droits de l'homme, pour s'y arrêter un temps. Quelques discours au micro se sont alors succédés. Un membre du groupe allemand The Voice a notamment pris la parole pour interpeler la cour européenne sur son absence de position concernant les atteintes à la liberté de circulation, et demander à ce qu'une délégation soit reçue pour entendre la réponse. Un autre intervenant a ensuite exposé la situation de Roms d'Allemagne originaires d'ex-Yougoslavie, qui se trouvent actuellement dans une situation critique. Victimes des agressions policières, ceux-ci sont également privés de services élémentaires (accès aux fluides), ne peuvent suivre de formation scolaire ou travailler. Face à cette précarité, ils se sont constitués en caravane en avril 2002, pour sensibiliser la population de différentes villes allemandes dans lesquelles ils se sont rendus. Installés depuis le 28 juin à Dusseldorf, ils risquent désormais à tout moment la déportation. Ce que refuse catégoriquement leur collectif de soutien présent au camp NoBorder.
Le sit-in devant la cour a aussi été l'occasion d'une action théâtrale, lors de laquelle des manifestant-e-s déguisé-e-s en agent-e-s de nettoyage ont astiqué les grilles extérieures du bâtiment aux cris de "wipe the borders" (effacons les frontières), sous l'oeil méfiant des CRS montant la garde.
Trois quarts d'heure après l'arrivée du cortège devant la cour européenne, la réponse est arrivée : aucune délégation ne sera reçue, ceci confirmant la validité des accusations.
La manifestation a alors choisi de se diriger vers le centre-ville, et a croisé le conseil de l'europe sur son passage. Assez spontanément, les manifestant-e-s s'y sont précipités, et se sont retrouvés face à une rangée de policiers et militaires. Un face à face tendu s'en est suivi, émaillé de quelques bousculades, et des slogans à la bombe sont apararus sur les murs extérieurs du bâtiment. Pendant qu'une commission était finalement reçue, un drapeau rouge et noir a été hissé au mat, des affiches du NoBorder collées sur les panneaux indicatifs, et quelques murs agrémentés de messages subversifs.
Après cet intermède, la manif est repartie de plus belle, et a gagné les rues du centre. Slogans en nombre, accélérations, bombages sur quelques symboles du capitalisme (banques, publicités...) ont rendu l'ensemble dynamique jusqu'à la place Kleber, ou un arrêt a été marqué. Moment de prises de parole, mais aussi carnavalesque grâce au groupe samba, et d'actions contre les drapeaux européens et français présents sur la place, arrachés sous les applaudissements. Il est 15h et des poussières quand on apprend que la police a arrêté violemment trois personnes qui s'étaient éloignées de la manifestation, dans une rue adjacente. Quelques débats ont lieu pour décider de la marche à suivre, et la manif se scinde alors en deux groupes : l'un retournant au camp, en nombre pour assurer la protection des sans-papiers présents, l'autre se rendant, à 200 personnes environ, devant le commissariat pour exiger la libération des interpelé-e-s.
Le retour au camp s'est effectué en bus (transports en commun), gratuitement réappropriés pour l'occasion.
Il est environ 16h30, et l'inculpation des arrêté-e-s pour dégradation fait de moins en moins de doutes. Une action de blocage du pont du rhin, qui relie la France à l'Allemagne est alors menée, aux cris de "libérez nos camarades". Le traffic est très vite complètement paralysé, mais la police ne promet que menaces, et 6 vans ainsi qu'un bus de CRS finissent par arriver sur les lieux. Les manifestant-e-s refluent vers le camp, et la circulation est rétablie.
Plus tard dans la soirée, ceux et celles qui avaient poursuivi la manifestation devant le commissariat pour exiger la relaxe des trois arrêté-e-s reviennent, en même temps que se confirme la poursuite par le parquet des interpelé-e-s pour dégradation.
Ce lundi a donc été une journée de manifestations, d'actions, mais aussi, sur le camp, de nombreux ateliers, discussions et échanges, en plus d'une vie collective qui se veut la mise en pratique des idées autogestionnaires.
Des informations sur les arrêté-e-s/inculpé-e-s suivront, et sur les actions de solidarité qui seront éventuellement menées.