source: L'alsace
Strasbourg : quatre hôtels saccagés
23.Jul.02 - Des membres du campement No Border ont vandalisé et tagué hier les réceptions de quatre hôtels de l'agglomération strasbourgeoise.
Après une manifestation hier matin devant le Palais des droits de l'homme à Strasbourg ayant réuni 1771 personnes (sic) selon les manifestants et 700 selon la police, les participants du campement international No Border (Sans frontière), installé depuis vendredi le long des berges du Rhin au pied du pont menant en Allemagne (voir notre édition de samedi), ont manifesté hier après-midi au centre-ville.
Trois interpellations
Réunis place Kléber pour dénoncer la situation des sans papiers, ils ont tagué la statue du général avant de commencer à décrocher les drapeaux français et européens flottant sur la place. Trois d'entre eux, deux jeunes filles d'une vingtaine d'années et un adolescent de 17 ans, tous de nationalité allemande, ont été interpellés vers 15 h et placés en garde à vue pour vol et dégradations aggravées. Ces trois interpellations ont provoqué le rassemblement, face à un cordon de policiers et de CRS, d'une centaine de membres de No border devant le nouvel hôtel de police venus réclamer la libération de leurs camarades. Pendant ce temps, d'autres membres de No border se sont attaqués à une autre catégorie d'hôtels en assaillant la réception de trois hôtels Ibis à Strasbourg, Schiltigheim et Lingolsheim, ainsi que celle de l'hôtel Mercure de la rue du maire Kuss, un trois étoiles proche de la gare. "Ils sont entrés à une vingtaine, le visage dissimulé en criant '' Ne bougez pas. Restez calmes''", témoigne Danielle, une jeune réceptionniste présente lors des faits. Les manifestants ont tout d'abord pris soin d'occulter les objectifs des caméras surveillant la porte d'entrée de l'hôtel avec du ruban adhésif avant de renverser le mobilier, lampes, fauteuils, tables et de taguer la réception. Puis ils ont quitté les lieux en laissant derrière eux un tract rédigé en français et en anglais. Ce tract vise à justifier leur action en mettant en avant un conflit syndical entre le groupe hôtelier et des femmes de ménages. No Border accuse depuis quelque temps Accor d'exploiter via des contrats de sous-traitance des femmes de ménage étrangères, contraintes de travailler pour des tarifs inférieurs au SMIC dans des conditions de travail et de dignité injustifiables. Un conflit social que le groupe ne nie pas mais dont il renvoie la responsabilité à ses sous-traitants.
La goutte d'eau
Toutefois un directeur d'hôtel strasbourgeois du groupe affirme que ce conflit est localisé à la région parisienne et ne concerne aucun établissement de la métropole régionale. Pour sa part le directeur de l'hôtel Mercure du Pont du Rhin, voisin immédiat du campement, confirme que son établissement n'a pas été visé : "Je n'ai ni relation ni problème avec eux. Je ne souhaite pas m'exprimer là dessus pour ne pas provoquer". Son confrère, Daniel Berger, directeur du Mercure de la rue Kuss, est plus explicite, reprochant à la municipalité d'avoir laissé ce campement, qui doit se poursuivre jusqu'au 28 juillet, s'installer à Strasbourg. Il est probable que les dégradations commises hier soient la goutte d'eau qui fasse déborder le vase et que, par leurs actions, les participants aient offert à la justice et à la police les clefs de leur campement. Une enquête est en cours, en attendant d'éventuelles interpellations.
Thierry Gachon