source: Dernières Nouvelles d’Alsace
Les "No Border" dépassent les bornes
25.Jul.02 - Ils sont opposés aux frontières, mais hier, ils ont franchi les limites. Excédées par les dégradations que les quelque 700 manifestants du collectif "No Border" commettaient aux centre-ville, les forces de l'ordre ont reconduit les militants jusqu'à leur campement. Le face-à-face a été musclé.
19h15. Le boulevard de la Victoire est étrangement calme. Pas de voitures, pas de trams : le boulevard est bloqué par la douzaine de camions de CRS qui suivent les manifestants du collectif "No Border" (Non aux frontières). A quelques pas de là, au carrefour avec le boulevard Leblois et la rue Vauban, le cortège est arrêté. Quelques militants se sont assis par terre pour se reposer. Leurs yeux sont rougis par les gaz lacrymogènes. A côté d'une ambulance, l'un d'entre eux se fait examiner. Il a été blessé à la jambe par un tir de flashball quelques minutes auparavant. Hier, l'opposition entre les militants du collectif "No Border" et les forces de l'ordre s'est durcie. Le face-à-face entre les manifestants et les CRS a été très tendu. Depuis le début de la semaine, la police se contentait d'encadrer les manifestations, le plus souvent accompagnées de dégradations. Hier, elle a décidé de réagir. Comme tous les jours depuis le début de la semaine, les militants du collectif "No Border" quittent en début d'après-midi leur campement pour aller manifester au centre-ville en faveur de la liberté de circulation et de la solidarité entre les peuples. "No Border, no nation" (ni frontières ni nations), "Freedom is illegal" (la liberté est illégale), "Smash capitalism" (détruisons le capitalisme), "Dormez bien la police veille"... les militants ont à nouveau laissé leur empreinte sur leur passage. En plus des graffitis, des vitrines de magasins ont été brisées et un pylône de feux tricolores a été renversé. Vers 17 h, les sympathisants de "No Border" taggent le palais de justice et projettent de la peinture sur la façade et le parvis du bâtiment. Ils s'en sont également pris à l'hôtel des impôts, à la faculté de droit, à l'hôtel de la Région et à la DRAC. Peu après 18 h, ce sont deux agences bancaires de la rue du Dôme qui sont prises pour cibles. "C'était trop, explique Francis Jaecky, responsable sécurité de la CUS. Il arrive un moment où les atteintes aux biens et les dégradations deviennent insupportables."
Gaz lacrymogène
Les forces de l'ordre décident donc de mettre fin à la manifestation et de reconduire les militants anti-frontières à la frontière, soit jusqu'à leur campement du Parc du Rhin. L'entreprise ne s'est pas faite sans heurts et a été émaillée de vifs incidents. Évidemment, la description des faits diverge selon le camp. Du côté de "No Border", on dénonce "les brutalités policières". Quant aux forces de l'ordre, elles n'auraient fait que répondre à l'agressivité des manifestants. Munis de cagoules et de foulards, ces derniers ont lancé des fusées d'alarme et des bouteilles contre la police. Les CRS ont donc chargé à plusieurs reprises, faisant usage de gaz lacrymogène et de fumigènes pour repousser les manifestants - notamment place de la Cathédrale, pour les diriger vers les quais. Entre 20 et 25 militants ont été interpellés. Vers 20 h 30, les militants avaient rejoint leur campement où leur nombre se situe autour de 2000 personnes. La Ville avait précisé dès leur installation que "ces gens-là n'étaient pas [ses] invités" (DNA du 16 juillet). (Lire encadré).
Florian Haby
ATTAC Strasbourg (Association pour une taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens) regrette que l'utilisation du terme "antimondialisation" pour qualifier le collectif "No Border" crée un amalgame. Ce terme avait été également utilisé dans le passé pour qualifier ATTAC. L'association strasbourgeoise tient à préciser qu'elle n'a "aucune sorte de relation avec le collectif dont [les DNA ont] relaté les scandaleux méfaits ces derniers jours." ATTAC condamne avec fermeté toute forme d'action violente.