source: L'alsace
No Border: une vingtaine d'interpellations
25.Jul.02 - De vifs incidents ont opposé hier soir à Strasbourg les manifestants antimondialisation et les policiers.
VOILÀ près d'une semaine que Strasbourg vit au rythme des actions du mouvement No Border (pas de frontières) qui réunit quelque 2000 militants de tous bords dans la capitale européenne. Et le moment prévisible est arrivé hier en fin de journée : la tension entre manifestants et forces de l'ordre est montée d'un cran, avec interpellations et gaz lacrymogène à la clef. L'après-midi, quelque 400 manifestants antiracistes, antimondialisation ou encore défenseurs des sans-papiers, venus de différents pays d'Europe, ont sillonné Strasbourg, multipliant les graffitis à la peinture ou à la craie le long des rues et sur quelques lieux symboliques comme le centre des impôts et le palais de justice. Un feu tricolore a également été dégradé. Hier vers 18 h, place de la République où se trouve notamment la préfecture administrative, les manifestants ont tiré des fusées de détresse et, semble-t-il, jeté des bouteilles. La réaction ne s'est pas fait attendre. Les CRS ont répliqué en faisant usage de gaz lacrymogène et de fumigènes. Parallèlement, d'autres policiers ont procédé à quatre interpellations. Ce fut le début d'un bras-de-fer relevant moins de l'affrontement direct que d'une sorte de jeu du chat et de la souris dont l'objectif ultime était apparemment de parvenir à disperser les manifestants et de les repousser jusqu'au campement qu'ils ont établi aux bords du Rhin.
Un blessé à la jambe
Place Broglie, les commerçants du marché n'ont pas bougé tandis que les manifestants se faufilaient rapidement entre les stands. Une militante a invité une mère avec un enfant dans une poussette à faire demi-tour afin d'éviter le gaz lacrymogène, d'autres "No Border" moins conviviaux ont brisé ou étoilé les vitres de deux banques à l'aide des gros manches de bois censés être des porte-drapeaux. Dans la foulée, deux jeunes gens ont été plaqués à terre, menottés, tandis que deux autres filles ont été conduites sans heurts jusqu'au véhicule de police. Place de la cathédrale, sous les yeux intrigués des touristes, le face-à-face a duré quelques minutes. Les manifestants ont levé les mains et crié en italien "Policiers assassins". Les CRS ont fini par avancer afin de les refouler toujours plus vers la frontière avec l'Allemagne. Au fur et à mesure du parcours, des policiers en civil ou en tenue ont multiplié les arrestations, de manière musclée. Il y aurait ainsi eu une vingtaine d'interpellations, essentiellement d'étrangers. Enfin, boulevard de la Victoire, un jeune militant a été blessé à la jambe par des tirs de flashballs (balles en caoutchouc). Vers 20 h 30, les manifestants avaient été reconduits jusqu'à leur camp. Lequel va rester en place jusqu'à dimanche.
Les militants anti- mondialisation ont semé le trouble hier soir à Strasbourg.
Thierry Gachon