source: Dernières Nouvelles d'Alsace
Un militant "No Border" placé en détention provisoire
27.Jul.02 - Le militant du collectif "No Border" qui était encore en garde à vue jeudi soir passera les prochains jours en prison. Afin de préparer sa défense, il a demandé un renvoi du procès. Le tribunal correctionnel de Strasbourg a ordonné son placement en détention jusqu'à son procès le 21 août.
14 h 15 hier après-midi. Devant le palais de justice, la tension est palpable. Un petit groupe de militants du collectif "No Border" ("Non aux frontières") s'est massé devant le bâtiment. L'entrée leur est barrée par un cordon de CRS. Dans un permier temps, les consignes semblent claires : aucun militant ne pénétrera à l'intérieur du palais de justice. Les journalistes - bien plus nombreux qu'à l'habitude - ont eux aussi toutes les peines du monde à s'y faire admettre. Finalement, 15 membres du collectif anti-frontières sont autorisés, en "échange" d'une pièce d'identité, à assister au procès de leur camarade devant le tribunal correctionnel. Ce dernier, un jeune homme de 25 ans originaire de Haute-Savoie et vivant à Paris, fait partie des 20 personnes interpellées après les incidents de mercredi soir (DNA d'hier). Il est le seul à avoir été maintenu en garde à vue depuis.
Demande de délai
Les charges retenues contre lui sont plutôt sérieuses : il est prévenu de "violence aggravée par deux circonstances suivie d'incapacité supérieure à 8 jours" et d'"outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions". Concrètement, il est soupçonné d'avoir insulté puis frappé un fonctionnaire de police avec un bâton, lui occasionnant une fracture à la main et une interdiction de travail de 10 jours. L'audience s'ouvre vers 15 h sous les cris des 80 militants (selon la police) restés sous les fenêtres de la salle d'audience. Le prévenu nie catégoriquement les faits qui lui sont reprochés et demande le renvoi du procès à une date ultérieure, afin d'avoir le temps de préparer sa défense. Il sera jugé le 21 août. Le tribunal doit, dès lors, décider s'il ordonne ou non la mise en détention du prévenu. Pour le parquet, le substitut du procureur Armelle Guiraud demande son placement en détention provisoire, et ce pour deux raisons. D'abord, "les faits qui lui sont reprochés ont causé un trouble exceptionnel et persistant à l'ordre public". D'autre part, la magistrate relève que le jeune homme n'avait pas, jusqu'à ce matin, pu fournir une adresse de résidence. "Il n'a pas d'emploi, pas de famille à charge, pas de domicile qu'on ait pu vérifier, il ne présente donc pas les garanties suffisantes de représentation devant la justice". En d'autres termes, elle demande son maintien en détention pour être assurée qu'il se présentera bien devant le tribunal en août. "On ne le juge pas pour avoir participé à une manifestation, mais les faits sont extrêmement graves, même en dehors du contexte."
Ne pas faire un exemple
De son côté, Me Frédéric Massiot laisse entendre que "rendre sa liberté [au prévenu] serait sans doute insuffisant pour assouvir la soif de répression" après l'agitation de la semaine. L'avocat de la défense invite le tribunal à statuer dans la sérénité : "Je vous demande, de grâce, de ne pas ériger le cas de [mon client] en exemple." Le tribunal correctionnel a finalement fait droit aux réquisitions du parquet. "Compte tenu de l'incertitude de son adresse et du trouble grave causé à l'ordre public", les juges ordonnent le mandat de dépôt. En attendant d'être jugé sur le fond le 21 août, le jeune militant sera placé en détention à la maison d'arrêt de Strasbourg. "Courage !" Après avoir glissé quelques mots de soutien au prévenu, les 15 "No Border" qui ont pu suivre l'audience rejoignent les autres militants sur le parvis du palais de justice. "Police partout, justice nulle part", "liberté pour tous les prisonniers"... ils crient leur colère pendant quelques minutes, avant de partir en direction de la place de la République. Les militants sont rapidement bloqués par les forces de l'ordre qui ont affrété un bus pour les ramener jusqu'à leur campement du parc du Rhin.
Florian Haby